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Souvenir Franco - Araucanien

En souvenir du Prince Philippe : Cinquante années d'amitié sous le signe du Périgord et de l'Araucanie.

2 Août 2014 , Rédigé par Claude LABALUE-BAYLET, Comte de GUADAL.

En souvenir du Prince Philippe : Cinquante années d'amitié sous le signe du Périgord et de l'Araucanie.

Le Berceau de ma famille se situe au coeur du Périgord, en Sarladais. Aussi loin que l'on peut remonter le cours du temps et de l'histoire locale, des noms reviennent sans cesse, les BAYLET, les JARDON et les REVIDAT; ces noms sont toujours présents et sentent bon le terroir Périgourdin.

C'est vers les années 1950 que ma tante Jeanne REVIDAT, au cours d'une conversation, évoqua très brièvement l'aventure d'un certain ORELIE ANTOINE DE TOUNENS, sans autre précision, si ce n'est pour dire qu'il avait été le Roi des Indiens d'Amérique. Il n'en fallut pas plus pour enflammer mon imagination, tout autant que ma curiosité d'adolescent. Je me mis donc en quête de réponses, interrogeant, de ci, de là, mon entourage familial bien sûr plus particulièrement.

Pour tout dire, j'obtins de maigres réponses, évasives, la plupart du temps fantaisistes, et qui me laissaient sur ma faim. Sans me décourager, je persistai dans mes démarches. Mais où m'adresser? Les personnes interrogées demeuraient muettes ou évasives sur le sujet. Vous pensez, il s'agissait de faits qui s'étaient déroulés sous le Second Empire et d'une aventure que chacun, lorsqu'il en avait eu vent, évoquait à sa manière. A vrai dire, nos braves périgourdins semblaient peu motivés par le sujet. Tout au plus il était une constante qui revenait dans les conversations : le Périgord avait donné un Roi aux Indiens d'Amérique.

Cependant, j'appris de la bouche de l'un de mes oncles qu'il avait eu comme camarade de guerre un certain TOUNENS, et que ce monsieur tenait une "buvette" dans le canton voisin de HAUTEFORT. Je rendis visite à ce monsieur, personnage haut en couleurs, qui prétendait être un descendant d'ORELIE ANTOINE, ce qui à l'évidence était impossible puisque ce dernier était décédé sans laisser de famille. Tout au plus, sous le sceau de la confidence, il voulut bien me confier qu'il avait été en possession d'une malle de voyage ayant appartenu au Roi ORELIE ANTOINE et qui contenait entre autres une paire de pistolets. Mais nous n'avons pu en savoir davantage.

Mes renseignements s'arrêtèrent là. Bien plus tard, je devais avoir confirmation de ces faits.

La soeur de ma mère me raconta aussi qu'elle avait eu, comme camarade de classe au collège supérieur d'EXCIDEUIL, une certaine Dominique... qui, plus tard, ayant épousé le Prince Philippe Boiry d'Araucanie, devint la Princesse Boiry d'Araucanie. Je ne m'étendrai pas davantage sur les détails qui, dès 1960, illustrèrent les premiers contacts qui s'établirent entre le Prince et moi, contacts d'autant plus facilités qu'entre la chère demeure du Prince et Soumeil, où se situe le berceau familial, nous n'étions séparés que par une distance de 1900m, quelle que soit la voie empruntée; autant dire, selon les gens d'ici, une "trottée de chien".

Au fil de nos rencontres, confiantes, cordiales et fort instructives, j'en appris un peu plus sur l'extraordinaire aventure vécue par ORELIE ANTOINE, en Argentine et au Chili, une véritable épopée au service de la défense des indiens MAPUCHES qui avaient fait de lui leur roi. Je retins, de nos conversations, que le refus de Napoléon III, conditionné par la malheureuse affaire du Mexique, d'aider ORELIE ANTOINE dans sa noble entreprise sonna la fin piteuse et peu glorieuse pour notre Pays de cette affaire, comme l'on sait.

Titulaire d'un diplôme d'études des Civilisations latino-américaines -Université de Poitiers- je poussai, au maximum, mes recherches sur les peuples indiens d'Araucanie et de Patagonie. Ma tâche fut d'autant plus facilitée qu'en ma qualité d'hispanisant, membre correspondant du Musée général des archives générales des Indes, situé à Séville (dans la Lonja, ancienne Bourse), je pus avoir accès à une collection, très rare et très importante, d'archives concernant l'Amérique au moment de sa découverte et de sa conquête. On y trouve, en particulier, des traces des prédécesseurs d'ORELIE ANTOINE sous la forme, par exemple, d'autographes de Christophe COLOMB, MAGELLAN, CORTES, etc...

Rapidement, il m'apparut qu'il y avait une importante différence entre les desseins des espagnols, les "conquistadors", dont le seul but était d'asservir les Indiens et de s'approprier leurs richesses, fût-ce au prix de nombreux massacres, et les intentions pacifiques d'ORELIE ANTOINE qui donna à ces derniers un début de modernité; création d'une constitution, frappe d'une monnaie, levée d'une armée, etc.

Autant de recherches patientes, tant en liaison avec les organismes que je viens d'évoquer qu'avec le Prince Philippe, firent que nos relations devinrent très complémentaires. C'est ainsi qu'au titre de Chef de la Maison Royale d'Araucanie et de Patagonie, le Prince me demanda de l'accompagner en Espagne à plusieurs manifestations importantes touchant au caractère historiques de celle-ci, en particulier à GUADALUPE où subsiste un bénitier géant à l'air libre où les premiers Indiens convertis d'Amérique prononçaient leurs voeux et leur foi en la religion catholique. A cette occasion, le Prince Philippe et moi-même fument reçus dans l'association des CABALLEROS de Santa Maria de GUADALUPE. Ainsi nous fîmes de nombreux voyages officiels en Espagne. Parmi ceux-ci, je citerai plus particulièrement notre voyage à Ségovie, à l'invitation du Duc ENRIQUE de BORBON Y BORBON, sous le signe de St LAZARE de JERUSALEM, l'apothéose de cette journée se situant dans la chapelle de l'ALCAZAR où nous eûmes l'insigne honneur d'être présentés au Roi JUAN CARLOS en personne et à la Reine SOPHIE, le Roi s'adressant au Prince Philippe en qualité de "cousin".

Il serait fastidieux d'évoquer ici l'ensemble des manifestations auxquelles la Maison Royale d'Araucanie-Patagonie fut, ès-qualité, conviée. Cependant, je ne saurais passer sous silence la réception dont nous fûmes l'objet à YUSTE, en EXTREMADURE, où se retira Charles Quint à la fin de sa vie, dans le modeste monastère des HIERONYMITES, cérémonie grandiose au cours de laquelle le Prince Philippe et moi-même fûmes reçus dans la REAL ASSOCIACION de Los CABALLEROS del MONASTERIO de YUSTE, une des plus hautes distinctions de la CHEVALERIE espagnole.

En guise de conclusion, rendons hommage au Prince Philippe, digne continuateur de celui qui fonda en 1860, au Sud de l'Argentine et du Chili, le royaume d'Araucanie-Patagonie, grand comme cinq fois la France, qui aurait pu être le premier état Indien d'Amérique, et dont l'unique préoccupation fut la défense de ceux-ci, de leur civilisation, et poursuivons sans relâche l'oeuvre entreprise, guidés par son exemple.

Claude LABALUE - BAYLET, Comte de GUADAL

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